Sommet France-Afrique Le duo Macron-Ruto à l’assaut de l’Afrique
Cette annonce faite via un communiqué conjoint des présidences des deux pays en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New-York, a suscité de nombreuses réactions dûes au caractère exceptionnel du pays hôte.
En effet, pour la première fois dans l’histoire des sommets France-Afrique, le pays hôte est le Kenya, un pays non francophone. Cette édition portera sur « les questions climatiques et la réforme de l’architecture financière internationale.»
« A quoi servent les sommets France-Afrique ? »
Cette question posée par Thomas Sankara lors du sommet de Vittel en octobre 1983 trouve à ce jour, des réponses peu satisfaisantes.
Dans un contexte où la politique française en Afrique est de plus en plus contestée, le choix du président français porté sur un pays anglophone paraît donc moins anodin.
En effet, la ceinture française en Afrique s’est retrouvée fragilisée à cause de la prise de pouvoir par des juntes militaires hostiles à la politique française notamment au Burkina Faso, au Mali et au Niger.
Il s’agit donc pour le président français d’aller à la conquête de nouvelles terres et de s’ouvrir à un marché multilatéral afin de s’assurer d’une base toute nouvelle en Afrique.
Pour son homologue kényan William Ruto, il est question de redorer son image suite à l’usage de la force dont il a fait preuve face aux manifestations anti-gouvernementales des mois de juin et juillet.
En 2021, lors du sommet France-Afrique organisé à Montpellier, Emmanuel Macron avait opté pour la tenue de ce rendez-vous avec la société civile des différents pays africains au lieu de leurs gouvernements. Si d’aucuns ont acclamé cette initiative, plusieurs analystes politiques ont souligné une tentative d’érection d’une nouvelle société civile « favorable » à Paris. En effet, la plupart des gouvernements d’Afrique francophone étaient en crise d’illégitimité et ne bénéficiaient pas de la confiance de leurs populations respectives, d’où le choix de Emmanuel Macron.
Ce sommet vient donc succéder au sommet organisé par la Chine qui est devenue le principal rival économique de la France en Afrique francophone.
Si le choix du Kenya comme pays hôte du prochain sommet France-Afrique est justifié par les autorités françaises comme une « ouverture de la France à des pays autres que ses traditionnels alliés francophones », il s’agit plutôt d’une prise de conscience des Français de la nécessité d’une vraie politique non asymétrique de la France en Afrique.
En attendant, la politique des pays africains vis-à-vis d’anciens colons se fait toujours attendre…